Ce que savent nos mains

Yoan Sorin et les étudiants DnMade Espace de l’Ésaab
07.11–24.12.2020

Ce que savent nos mains
Une exposition de Yoan Sorin
avec les étudiant·e·s de DnMade Espace de l’Ésaab
Une proposition de Franck Balland
 
La résidence Excellence des Métiers d’Art menée en 2019-2020 avec Yoan Sorin, sur une proposition de Franck Balland, n’aura été qu’un long parcours obstiné et joyeux pour jouer avec les contraintes des mesures de protection contre la pandémie. Ateliers menés tambour battant entre deux confinements. Rapatriement à Ravisius Textor, par les étudiants en procession, le soir après les cours et avant le couvre-feu, des objets réalisés à l’école. Premier temps de l’exposition de restitution « Ce que savent nos mains » d’abord sur la toile par des génériques d’annonce et de maintenance de l’activité, puis sur site avec une exposition partielle ouverte grâce à notre activité de libraire. Retour de l’artiste et du commissaire en toute fin d’exposition avec rencontre des étudiants après les cours et finissage pendant les vacances alors que les étudiants étaient massivement retournés dans leur famille…
 

 
Dans le titre que nous avons choisi avec Yoan Sorin pour cette restitution de la résidence « Excellence des Métiers d’Art » à Ravisius Textor, se cache un clin d’œil appuyé à un ouvrage du théoricien américain Richard Sennett. Historien et sociologue de formation, ce dernier a largement participé à interroger les formes du travail dans les sociétés occidentales contemporaines. Plus spécifiquement centré sur la relation qui lie l’artisan à son œuvre, Ce que sait la main est une étude philosophique dont la finalité est d’identifier quelles qualités se logent dans l’artisanat, et comment celles-ci peuvent infuser plus largement dans différents champs d’activité.

Rien qui à ce stade n’explique clairement ce qui aura occupé les journées de Yoan Sorin et des étudiant·e·s de l’Ésaab entre le 5 et le 15 octobre derniers. Pourtant, et bien que ce ne soit pas une source revendiquée au départ, les actions proposées eurent beaucoup à voir avec les idées énoncées dans l’ouvrage susmentionné. Il se sera donc agi, pour ce groupe de jeunes gens, d’investir le champ du « faire » – comme on le dit de l’artisan qui de ses mains, répète et précise les gestes nécessaires à sa production. Ici, évidemment, il fut moins question de chercher une quelconque maitrise à ce qui prenait forme que de s’engager pleinement dans le simple fait, précisément, de « faire » ou de « créer » – appelez ça comme vous voulez.

L’exposition qui en résulte contient ainsi cette mémoire des moments partagés et des attentions réciproques dans des objets qui, eux, s’inscrivent à première vue davantage dans une histoire récente de la sculpture • . On y verra également un ensemble de nouvelles productions de l’artiste, qui d’une certaine manière répondent à ce contexte de création collective.
 
Franck Balland
 
• Allez jeter un œil du côté de chez Franz West, Erwin Wurm ou Lynda Benglis par exemple.
 

 
Photographies : Florence Aknin, Thierry Chancogne, Camille Correia, Franck Balland, Lyse Marie
Vidéos-son : Yoan Sorin