Comme un ouragan, la tempête en moi,

Valentine Gardiennet
10.11 – 27.01.2024

10.11.2023 — 27.01.2024
VALENTINE GARDIENNET
« COMME UN OURAGAN, LA TEMPÊTE EN MOI »
Vernissage le 10.11.2023 17h-19h
 
Exposition en lien avec la résidence Excellence des Métiers d’Art à l’Ésaab de Valentine Gardiennet avec les DnMade Espace de l’Ésaab sur une proposition de Marie L’Hours
 
« Ici ça remue les coudes et ça émiette le pain, ça émet des bougies les unes sur les autres pour éviter de “perdre la flamme”.
Au milieu de la pièce, une grosse tête horloge qui n’a plus d’aiguille, impossible de savoir l’heure, alors on regarde cette nappe qui rassemble tout les moments d’une bonne grosse journée.
Les dessins c’est ce qu’on a englouti, c’est ce qui remue l’estomac, ce qui est viscéral.
Les dessins qui sont sur le papier peint à motifs nappes sont comme un élément du repas, comme des couverts oubliés sur la table, comme un gros cendrier plein de la veille.
Comme dit Stéphanie de Monaco, Allumer la vie c’est un incendie. »

Valentine Gardiennet
 
Sur le sujet des gênes occasionnées par les autres, læ théoricien·ne Lauren Berlant explore les états affectifs liés au fait d'être inévitablement en relation et attaché·e aux autres - pas seulement aux personnes, mais aussi aux animaux, aux choses et aux pensées (1). La réflexion sur les désagréments induits par l'attachement est donc une invitation à penser la manière de procéder dans la rupture.
L’œuvre de Valentine Gardiennet— composée de dessins, volumes et installations— aborde les relations affectives et les désagréments qu'elles peuvent nous causer. Se déployant par des imaginaires de la catastrophe, la comédie, la maladresse, l'intimité, la dissociation, le haussement d'épaules, son univers illustre le hasard et la beauté d'être ensemble, la déception du moment où cela se dissipe et les efforts pour y parvenir.
Au lieu de pointer du doigt, de se mettre à dos le monde, de rouler des yeux, de claquer la porte, Valentine nous présente sa vulnérabilité, dans toutes ses couleurs. « Comme un ouragan, la tempête en moi » est donc à considérer comme une confession audacieuse et sincère pour dire quand ça ne va pas. Après tout, le désir et l'amitié, tout comme la déception et le chagrin d'amour, peuvent être à l'origine des tempêtes à l'intérieur de nous.
La trajectoire d'un ouragan peut être imprévisible, mais l'agitation, le silence, les rafales ne sont pas à prendre à la légère. Un gâteau d'anniversaire en forme de coeur brisé avec des bougies qui pleurent, ce n'est pas bon signe. Des intestins agités et une langue prisonnière qui se transforment en escargot tortillant, non plus. Les aquarelles baveuses en maquillage d'enfants qui font penser aux flaques de larmes avant un débordement : encore une chose à prendre au sérieux. Tenir sa langue, ce n’est peut-être pas une bonne idée, face au tourbillon de la vie, comme en témoigne l’édition réalisée avec les étudiant·es.
Au cœur d’un ouragan se trouve son œil : le calme et le déchaînement des éléments autour de lui. Le phénomène se produit ainsi ici – l’œil intemporel se déguise en soleil-horloge sans aiguilles, sur un fond d'événements imprévisibles et d'une myriade de couleurs. Et si l'ouragan semble avoir laissé les vestiges d'une rupture, son allure de chaos organisé qui tourbillonne à son propre rythme serait, peut-être, un hommage au débordement.

Katia Porro
 
1 – Voir Lauren Berlant, On The Inconvenience of Other People, Duke University Press, 2022.
 
Conception graphique de l’affiche
Samuel Papon, Anatole Prost et Marie Gateau